Avalanches: le degré de danger 3 minimisé à tort

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SuisseAvalanches: le degré de danger 3 minimisé à tort

Des spécialistes mettent en garde: c‘est le plus souvent à ce niveau médian que la montagne est la plus meurtrière.

Selon les statistiques, 65% des accidents mortels surviennent au degré de danger 3.

Selon les statistiques, 65% des accidents mortels surviennent au degré de danger 3.

Police cantonale valaisanne

En Suisse, depuis le 1er octobre, 106 avalanches ont emporté 150 personnes et 16 y ont perdu la vie, rapporte l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF). Samedi dernier encore, un skieur et son guide ont été ensevelis par une coulée de neige entre Nendaz et Verbier (VS). Le dernier, âgé de 56 ans, n’a pas survécu. Même pour les professionnels, la montagne ne reste pas sans danger.

Echelle européenne

Un manque de précipitations en début de saison et des températures basses ont créé un manteau neigeux très instable, à l’origine d’un nombre élevé d’avalanches. Pour décrire le danger de ces dernières, le SLF se base sur l’échelle européenne à cinq degrés; le 1er degré étant le plus faible et le 5e le plus marqué.

«Une avancée qui remonte aux années 1990, note Pierre Huguenin, responsable SLF pour le Valais. Certes, cette échelle rigidifie un peu le système, mais elle a l’avantage d’être un langage commun entre les pays.» Même si elle n’est pas obligatoire et que des variations dans son application existent en fonction des territoires. Le spécialiste rappelle que «cette échelle est établie en fonction de la probabilité de déclencher une avalanche et de la taille que celle-ci peut avoir».

Minimiser les risques

Selon les statistiques, 65% des accidents mortels surviennent au degré de danger 3. Cela a été le cas ces derniers jours. En considérant qu’il s’agit du niveau médian, ne minimise-t-on pas les risques avec une telle échelle ? Pierre Huguenin confirme que les novices peuvent le considérer à tort comme un danger «moyen», alors qu’il s’agit d’un danger «marqué». «En dehors des experts et des personnes très expérimentées, le degré 3 est le degré maximal pour s’aventurer en dehors des domaines sécurisés», insiste-t-il.

Selon les statistiques, 65% des accidents mortels surviennent au degré de danger 3.

Selon les statistiques, 65% des accidents mortels surviennent au degré de danger 3.

Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SFL)

Nivologue et directeur du bureau Meteorisk à Sion, Robert Bolognesi confirme à son tour que «ce degré annonce une situation délicate pour les skieurs. Des avalanches peuvent facilement être déclenchées par ces derniers ou peuvent même partir spontanément.» Et l’ampleur de la coulée peut s’avérer importante à ce niveau.

À chaque degré son risque

Pierre Huguenin reconnaît que «le degré 3 est extrêmement large» et qu’il y a «beaucoup de différence» entre le début du palier et la limite qui le sépare du degré supérieur, c’est pourquoi «il faut s’en méfier».

Selon le nivologue valaisan, «cette échelle du danger est assez claire pour la grande majorité des pratiquants de la montagne, à condition qu’ils connaissent la signification des différents degrés». Robert Bolognesi insiste sur la nécessité de lire et bien comprendre le bulletin d’avalanches avant de sortir des pistes sécurisées.

Le danger d’avalanche est «marqué» le long des Alpes ces jours.

Le danger d’avalanche est «marqué» le long des Alpes ces jours.

Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SFL)

Le degré 4 pourrait être atteint

Les degrés de danger 4 et 5 de l’échelle sont plus rares et concernent les infrastructures, non pas la population directement. Mais en Valais, le degré 4 pourrait être atteint jeudi. À ce stade, «certaines communes ont déjà des mesures à prendre, comme la fermeture de certaines routes, développe Pierre Huguenin. Et lorsque l’on atteint le degré 5, les gens doivent rester cloîtrés chez eux.» En Suisse, cet ultime palier n’a pas été déclaré depuis janvier 2018. Cette semaine, des chutes de neige abondantes sont attendues, «plusieurs dizaines de centimètres dans une bonne partie des Alpes à partir de mardi soir et sur les jours suivants», précise le spécialiste. De quoi accroître le danger d’avalanches. Une prudence particulière est requise. Le manteau neigeux restant toujours instable, il faudra s’en méfier durant toute la saison.

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