Avalanches en série: l’ignorance n’est pas seule en cause

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MontagneAvalanches en série: l’ignorance n’est pas seule en cause

Un manque de précipitations en début de saison et des températures basses ont créé un manteau neigeux très instable, à l’origine d’un nombre élevé de coulées.

Samedi 16 janvier, à Zinal (VS), les minages préventifs réalisés étaient spectaculaires. Les premières images ont été tournées dans le secteur de la Garde de Bordon. La suite se déroule du côté de Grimentz, dans le secteur de Bendolla.

«Sans avoir à faire de subtiles statistiques, on sait déjà qu’on est dans un début de saison d’hiver exceptionnel en termes de nombre d’avalanches accidentelles», note Pierre Huguenin, responsable pour le Valais de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF. Les chiffres, arrêtés au 20 janvier, font frémir: on déplore presque 90 accidents impliquant des personnes, alors que la moyenne des vingt dernières années n’est que de 34 à cette date. Plus de 100 personnes ont déjà été emportées et 15 n’ont pas survécu. A titre de comparaison, on n’a dénombré que 7 victimes sur l’ensemble de l’année passée, certes avec une saison de ski écourtée par la pandémie de Covid-19, et 21 décès sur la période 2018-2019, qui a été très enneigée.

Couches de givre de surface enfouies

Mais cette année, alors qu’on craignait surtout les accidents impliquant ceux qui fuient les stations encombrées et qui découvrent le hors-piste, il s’avère que la météo est aussi à l’origine du danger. Après des chutes de neige relativement abondantes en septembre et octobre en altitude, un temps très ensoleillé et sec en novembre a fragilisé cette couche de fond dans les pentes orientées au nord à l’ombre.

Puis, les abondantes précipitations conjuguées à plusieurs épisodes de froid ont créé des couches de givre de surface qui, une fois recouvertes de neige, empêchent les couches de s’agglomérer et rendent le manteau neigeux très instable. A cela est encore venu s’ajouter, à certains endroits, la neige soufflée récemment par de forts vents.

Mais le facteur humain joue aussi un rôle. «Vouloir à tout prix faire sa trace dans la poudreuse est une des erreurs: on voit souvent des avalanches déclenchées par des skieurs qui se décalent toujours un peu plus et qui arrivent dans une partie de la pente plus raide, orientée différemment ou moins enneigée que les parties déjà abondamment parcourues», explique Pierre Huguenin. Qui enjoint les amateurs de freeride à éviter les zones raides de rochers et les couloirs. Des conseils à suivre à la lettre en tous temps, et particulièrement ce week-end, où le danger d’avalanches reste marqué, selon les derniers bulletins publiés de WSL Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF.

Minages préventifs
Cette saison exceptionnellement dangereuse ne surcharge pas outre mesure les stations de ski. «Nous procédons à des minages systématiques pour sécuriser les domaines donc c’est quasi la même chose que les autres années», explique Jean-Christophe Genoud, chef de la sécurité à Grimentz-Zinal (VS). Même s’il s’attendait à «un gros résultat», il reconnaît que les minages de samedi dernier étaient impressionnants (voir la vidéo ci-dessus). Et ces avalanches «auraient très bien pu être déclenchées par un skieur» pour autant qu’il ait pu accéder à ce versant de la Garde de Bordon, au-dessus de Zinal.

Le bulletin publié vendredi matin montrait un danger d’avalanche toujours «marqué» sur une bonne partie du pays.

Le bulletin publié vendredi matin montrait un danger d’avalanche toujours «marqué» sur une bonne partie du pays.

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