Etude dans les écoles suisses – Un noir tableau de l’homophobie, décomplexée et au quotidien

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Étude dans les écoles suissesUn noir tableau de l’homophobie, décomplexée et au quotidien

Un doctorant vient de publier sa thèse, qui dresse un inquiétant portrait des situations vécues par les élèves LGBT dans les écoles.

La plupart des élèves interrogés dans l’étude avaient entre 13 et 15 ans.

La plupart des élèves interrogés dans l’étude avaient entre 13 et 15 ans.

20min/Simon Glauser

«Quand je traite quelqu’un de pédé, c’est pour rigoler, je n’ai rien contre les gays». Comme le montre l’exemple de cet élève de 14 ans, c’est à une jeunesse parfois sans filtres et souvent sans conscience que s’est confronté le chercheur Patrick Weber, qui vient de publier sa thèse de doctorat à la HEP de Fribourg. Il a sillonné 11 cantons, 30 écoles, 151 classes et interrogé 2210 élèves, la plupart entre 13 et 15 ans, pour saisir leur comportement vis-à-vis des élèves homosexuels.

Sans filtre ou sans volonté

Il a pu observer une homophobie décomplexée. Comme le relève le «Tages Anzeiger», qui a relayé l’étude, certains n’y vont pas par quatre chemins. «Les gays sont des malades mentaux» et «je les déteste, mais qu’ils fassent ce qu’ils veulent» font partie des commentaires relevés dans les questionnaires. Un quart des élèves admettent sans gêne s’être comportés de manière négative avec un élève parce qu’il était gay, ou croyaient qu’il l’était. 

L’homophobie n’est pas seulement directe, elle peut aussi être involontaire et cachée dans le langage courant, que l’on nomme «microagressions homonégatives». Des mecs qui font un geste physique de fraternité et qui s’exclament «no homo» pour signaler qu’ils ne sont pas gay est un exemple. Assister à une telle scène et juger qu’elle est «tellement gay»; les blagues; les railleries pour un comportement jugé non conforme aux normes de genres, l’insulte «pédé» en sont d’autres.

Les profs doivent intervenir

Tous ces éléments créent un climat hostile pour les élèves concernés. «Cela rend le processus de coming out encore plus compliqué», remarque Patrick Weber, qui estime nécessaire que les enseignants interviennent. «S’ils ne le font pas, le comportement homonégatif est interprété comme justifié», dit-il au journal zurichois. Il constate par contre, pour une note positive, que de nombreux élèves, aussi dans les écoles de régions rurales, font preuve d’une grande ouverture et bienveillance.

Selon lui, l’école doit jouer un rôle pour contrebalancer l’éducation des parents. Car son étude met le doigt sur le lien étroit entre les attitudes des parents et celles de leurs enfants. Le niveau de religiosité a par exemple un très fort impact sur les comportements hostiles aux homosexuels. Le passé migratoire joue également souvent un rôle. Les deux facteurs vont d’ailleurs parfois de pair, note le chercheur.

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(ywe)

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