Un établissement branché à l’origine d’un gros cluster

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Coronavirus à GenèveUn établissement branché à l’origine d’un gros cluster

Au moins vingt personnes ayant fréquenté le Rooftop 42 le samedi 18 juillet au soir ont été testées positives au Covid-19. Un client témoigne.

La terrasse du Rooftop 42, située au 8e étage de l’immeuble du 42, rue du Rhône.

La terrasse du Rooftop 42, située au 8e étage de l’immeuble du 42, rue du Rhône.

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L’un des clusters genevois du Covid-19 a été le Rooftop 42, un bar dansant de la rue du Rhône. Parmi les personnes testées positives la semaine passée (151 entre mardi et vendredi), un nombre conséquent faisait partie d’un groupe d’une trentaine de copains qui a fréquenté les lieux le samedi 18. L’un d’eux a été déclaré malade mardi. «Le lundi, plusieurs de mes amis se sont sentis mal. Nous sommes tous allés nous faire tester. En tout cas, vingt d’entre nous sont positifs, d’autres attendent encore le résultat.»

L’homme dit sa gêne ce soir-là: «Les employés n’avaient pas de masque. Sur la terrasse, on ne pouvait pas bouger tant il y avait de monde. La boisson faisait oublier les gestes barrières. Ce n’était pas sérieux, je ne suis resté qu’une heure et demie.» Son seul cas a débouché sur la mise en quarantaine de trente de ses proches (autres que ceux présents le 18), explique-t-il. «J’étais à un autre anniversaire vendredi et j’avais une réunion de famille dimanche.» Il note aussi que certains de ses amis l’accompagnant au Rooftop 42 venaient de Suisse alémanique, où ils ont été testés positifs à leur retour.

Staff renouvelé à 100%

Fondateur des lieux, Sébastien Barras confirme avoir été averti mercredi par le service du médecin cantonal de cas dans le bar. «On a immédiatement mis tout le staff en quarantaine pour le renouveler à 100%.» Le port du masque lui a été imposé. Pour le reste, il assure que gel hydroalcoolique et traçage des clients ont toujours été la règle. Notant qu’il est impossible de savoir où les malades ont été contaminés, il juge que fermer les lieux festifs pourrait être contre-productif, les fêtards se retrouvant hors de contrôle. «Avec le traçage, on peut limiter la casse. Mais la meilleure solution serait encore que les clients portent un masque.»

Cinq lieux festifs identifiés

Porte-parole du Département de la santé, Laurent Paoliello ne commente pas les cas particuliers. En revanche, il explique que c’est précisément à cause de ce type d’incident que, vendredi, le Conseil d’Etat a durci les mesures sanitaires. Ayant alors identifié cinq lieux festifs comme récents foyers de contamination, il avait rendu obligatoire (avec sanction en cas de non-respect) le port du masque pour les serveurs, l’application de gel hydroalcoolique à l’entrée des établissements et le traçage des clients. «Ce n’est pas pour rien que l’on a pris ce type de mesures. Les plans de protection privés n’étaient plus respectés par beaucoup. On est allé très vite.»

Les regroupements menacés

Le gouvernement n’entend pas fermer les établissements pour l’heure, sans exclure cette issue. «L’option est vraiment sur la table si la courbe ne s’infléchit pas dans une dizaine de jours», l’effet retard nécessaire pour observer l’efficacité d’une décision, vu les temps d’incubation. Laurent Paoliello fait remarquer par ailleurs que, si les établissements jouent le jeu, le statu quo est «la moins mauvaise des solutions, car si des groupes se retrouvent dans la nature, alors tout traçage devient impossible». La seule option, dans ce cas, serait d’interdire de nouveau les regroupements.

Le porte-parole indique de plus qu’une recrudescence de l’épidémie conduirait de facto à la fermeture de certains établissements, dès lors que, dès qu’un employé est malade, l’État place ses collègues en quarantaine. Si la structure ne dispose pas d’un effectif suffisant de remplaçants, elle est donc contrainte à une cessation temporaire d’activité.

Quarantaines à la pelle

L’épidémie continue de progresser à Genève. Laurent Paoliello fait état de plus de quarante nouveaux cas samedi, et de passé trente dimanche à midi. Après les enquêtes d’entourage, en moyenne, entre trois et dix personnes par malade sont placées en quarantaine stricte par le service du médecin cantonal. «Entre hier et aujourd’hui (ndlr: samedi et dimanche), 250 nouvelles quarantaines ont été décrétées.» Au total, plus de 1200 Genevois se trouvaient dimanche placés en quarantaine, selon le ratio suivant: un tiers de proches de malades, deux tiers de retours d’un pays à risque.

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