Jura bernois: La Tour de Moron s’étiole toujours plus

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Jura bernoisLa Tour de Moron s’étiole toujours plus

La tour panoramique dessinée par l’architecte tessinois Mario Botta a encore perdu des marches et c’est un drame pour toute une région.

La tour panoramique de Moron semble victime d’une efflorescence du béton.

La tour panoramique de Moron semble victime d’une efflorescence du béton.

Facebook/André Mercerat

Nouvel écroulement à la Tour de Moron dessinée par l’architecte tessinois Mario Botta, construite par 601 apprentis maçons et inaugurée en 2004. Après la chute de treize marches d’un escalier en colimaçon, entre le vendredi 20 et le samedi 21 mai derniers, d’autres marches de 400 kilos sont tombées entre mardi et aujourd’hui, dans une zone sécurisée.

L’édifice touristique se remettra-t-il de cet effondrement massif qui totalise désormais sur quatre étages? Peut-être, mais pas sous la même forme.

Espoirs touristiques

Quand il a reçu une photo sur son smartphone, le secrétaire de la fondation de la tour André Mercerat s’est rendu sur place, sur le territoire communal de Valbirse. La consternation est à l’image des espoirs touristiques placés dans ce monument en pierre sèche tout à la gloire de l’apprentissage.

Sur les réseaux sociaux, les suppositions se succèdent: pour André, c’est «un coup de pelle mécanique», pour Maël, c’est un défaut de construction. Anthony évoque le salpêtre en suggérant que «la pierre utilisée et la météo n’ont pas fait bon ménage». Et s’il avait raison?

Taches blanches

lematin.ch a consulté un ancien expert qui s’est rendu sur place après le premier effondrement. Son verdict désigne l’efflorescence du béton, caractérisée par des taches blanches causées par le calcium qui remonte à la surface avec l’humidité. En l’absence d’ammoniac, ce spécialiste exclut le salpêtre, évoqué précédemment dans lematin.ch.

«J’ai constaté sur place des traces blanches sur les marches effondrées», reprend ce connaisseur. Le 26 mai dernier, il remettait un rapport annonçant que «le reste va descendre». Il le répète aujourd’hui: «Les marches vont tomber jusqu’au haut de la tour», même si certaines contiennent moins de sel que d’autres.

Trop poreux

«Le calcaire utilisé n’est pas d’ici: quand sa provenance est française ou portugaise, il est trop poreux», assène l’ancien expert, en critiquant un mauvais choix du calcaire ou du ciment. Le sciage a été effectué correctement et le lit de la pierre n’est pas en cause: «Le dimensionnement de la matière est bon», précise le spécialiste en disculpant l’architecte.

«Personne n’anticipe les méfaits de l’humidité. L’environnement n’est jamais pris en compte», dénonçait dans lematin.ch un autre spécialiste Claude Saccaro. Haute de 30 mètres, la Tour de Moron comptait 209 marches, à une altitude de 1336 mètres. Sa construction a nécessité 65 000 heures de travail en quatre ans, pour un monolithe censé durer des siècles.

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