Cameroun – Deux mille jours de détention provisoire pour un ex-patron de l’audiovisuel

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CamerounDeux mille jours de détention provisoire pour un ex-patron de l’audiovisuel

Cinq ans et demi: c’est le temps passé en prison par un journaliste camerounais soupçonné de détournement de fonds. Sans procès, renvoyé 90 fois, car il n’y a «ni accusation, ni témoin à charge».

L’ancien directeur de la radio-télévision camerounaise a été arrêté par la police en juillet 2016.

L’ancien directeur de la radio-télévision camerounaise a été arrêté par la police en juillet 2016.

photo d’illustration AFP

Au Cameroun, un ex-patron de l’audiovisuel public est en détention provisoire depuis 2000 jours – plus de cinq ans et demi – pour détournement de fonds publics présumé, ont dénoncé, mercredi, son comité de soutien et son avocate.

«Aujourd’hui, cela fait 2000 jours de détention illégale pour Amadou Vamoulké», ancien directeur général de la Cameroon radio-television (CRTV), a déclaré Alain Masse, président du Comité international pour la réhabilitation et la libération du journaliste (Cirlav). «Septuagénaire gravement malade (il aura 73 ans en février, ndlr), Amadou Vamoulké est toujours détenu illégalement dans le cadre d’un procès qui ne peut se dérouler, faute d’accusation ni de témoin à charge», a regretté le Cirlav.

Amadou Vamoulké avait été nommé à la tête de la CRTV en 2005, avant d’être arrêté en juillet 2016. Il avait par la suite été inculpé et est depuis poursuivi pour détournement de fonds publics présumé par le Tribunal criminel spécial (TCS), une juridiction dédiée à la répression de la grande corruption.

91e audience vendredi

À ce jour, «il y a eu 90 renvois» de son procès, a calculé Alain Masse, alors qu’une nouvelle audience est prévue vendredi. «Nous dénonçons une justice qui est prise en otage par le politique», s’est-il indigné. Amadou Vamoulké «est en prison parce qu’il a montré le mauvais exemple: celui de l’intégrité», a-t-il estimé.

«Son procès, qui est kafkaïen, ne peut m’apporter qu’un certain dégoût de la façon dont fonctionne la justice de mon pays», a déclaré Alice Nkom, membre de l’équipe d’avocats du journaliste. «C’est un procès de la honte!»

Dans une cellule, avec des malades du Covid

Le Cirlav a une nouvelle fois appelé à une «évacuation sanitaire urgente» du journaliste, indiquant qu’il «est en train de perdre l’usage de ses membres inférieurs» au fond de sa cellule, où il «cohabite avec des personnes qui ont été atteintes du Covid».

En juillet 2021, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé une «infernale cabale judiciaire» et des accusations qui «ne reposent sur aucun élément sérieux». Le journaliste est, selon RSF, réputé pour son intégrité. En 2020, l’ONU avait demandé la libération du journaliste.

(AFP)

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